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Symptômes et maladies : le langage du corps

  • Photo du rédacteur: caroline meyer
    caroline meyer
  • 9 nov. 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 déc. 2020

Symptômes, pathologies, affects... constituent le vocabulaire de la langue du réel : celle que le corps exprime quand les mots ratent à dire, celle qui ne triche pas, cette langue primitive du nouveau-né parlée dès sa naissance...



Nu accroupi en chaussures et  bas noirs (1912) - Egon Schiele
Femme nue - E. Schiele (1912)

Lorsque le médecin prend en charge le malade, il entre dans un processus d’objectalisation du corps du malade pour pouvoir l’examiner, l’ausculter, le palper, l’explorer afin de s’en faire une représentation pour mieux lutter rationnellement contre la maladie. C’est en tant qu’objet que le « corps » du malade se trouve pris en charge par « le corps soignant ». Dès lors, le malade peut se vivre exproprié de son corps, comme dépossédé de lui lors de la « mainmise » par l’équipe médicale.


Mais le corps n’est pas qu’une « formidable machine biologique » qu’un bon mécanicien, qu’il soit chirurgien, neurologue ou autre peut réparer, c’est avant tout un corps sensoriel et émotionnel.


Pour preuve : L’extrême précocité de l’apparition et du développement des fonctions sensorielles du fœtus (tactile, gustative, olfactive, auditive et visuelle) montre précisément que c’est ce par quoi le psychisme va se développer, au fur et à mesure qu’il aura à traiter des perceptions de plus en plus nombreuses et variées au gré des expériences plaisantes ou parfois douloureuses vécues par le fœtus. En ce sens, la perception fœtale crée la fonction psychique. En d’autres termes, plus le corps du fœtus est stimulé et excité par ce qu’il ressent de son milieu, plus son psychisme se développe pour traiter ces sensations. Le corps sensoriel est premier et précède les corps organique et psychique.


Si l’observation du fœtus depuis les années 1970 nous a permis d’établir la relation entre le soma (le corps) et la psyché, les récents travaux des neurosciences sur la plasticité neuronale nous montrent également la relation entre la psyché et le corps, apportant ainsi la démonstration scientifique de ce que la psychanalyse avec les concepts d’inconscient et de refoulement avait étayé tout particulièrement sur le corps hystérique.


Ainsi lorsque la psyché ne parvient pas à « dire », soit parce qu’elle n’a pas encore accès au langage verbal comme le nouveau-né, soit parce qu’elle n’a pas les mots pour dire, qu’elle ne s’autorise pas à dire, ou qu’elle n’a pas accès à ce qui reste inconscient, le corps prend le relai pour exprimer le réel avec ses mots à lui : le symptôme, la maladie et les affects (l’angoisse, la colère ou la joie…).


Le soma et la psyché ne peuvent se penser que comme un tout uni et indissociable : qu’il s’agisse de symptômes ponctuels ou chroniques (migraines, insomnies, constipations…) ou de maladies à long terme (cancers, diabète, allergies…), la guérison ne peut s’inscrire que dans une triple dimension, c’est-à-dire dans une relation étroite entre le médecin, le psychanalyste et le patient, celui-ci en tant que sujet unifié (et non dépossédé), actif, impliqué dans le travail d’écoute et d’interprétation du langage de son propre corps.


« Bien au-delà de tout ce que l’être qui parle est susceptible d’énoncer, lalangue (1) parle des affects du corps et de la « j’ouïs sens »


LACAN J. " Séminaire XX - Encore" (1972-1973),

Ed Association Lacanienne Internationale, Paris, 2009, p 219



(1) "Lalangue" est un néologisme inventé par Lacan pour nommer cette langue singulière fondée sur la synchronie sensorielle de la mère et de son nouveau-né. Elle est ce qui de la langue maternelle - en donnant sens et en symbolisant par sa parole, les gazouillis et les pleurs de son bébé - se dépose dans le corps de l’enfant comme des « perles de jouissance ».


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